"Il y a un moment où il faut sortir les couteaux. C’est juste un fait. Purement technique. Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui-même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez-vous à sa place. Ce n’est pas son chemin. Le lui expliquer est sans utilité. L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme un langage mais comme un bruit. C’est dans la définition de l’oppression. En particulier les « plaintes » de l’opprimé sont sans effet, car naturelles. Pour l’oppresseur il n’y a pas oppression, forcément, mais un fait de nature. Aussi est-il vain de se poser comme victime : on ne fait par là qu’entériner un fait de nature, que s’inscrire dans le décor planté par l’oppresseur. L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellectuel) n’entend pas mieux. Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différents. C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance. Ou : divertissement-corvée. Ou : loisir- travail. Etc. Allez donc causer sur ces bases. C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a « écouté » son opprimé est, en gros : mais de quoi diable se plaint-il ? Tout ça, c’est épatant. Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant. Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible. Peu importent le caractère, la personnalité, les mobiles actuels de l’opprimé. C’est le premier pas réel hors du cercle. C’est nécessaire."

*Christiane Rochefort, "Définition de l'opprimé", introduction au SCUM Manifesto, Valerie Solanas
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textes & publications
"Les couteaux" : EXTRA NATUREL parcours nocturne, Palais des Beaux-Arts, commissaires Mark Dion & Sarina Basta, Paris, 2016

crédits images :
Margot Mourrier & Clémence Danit
Re-active Untitled (GO-GO DANCING PLATFORM), performance de danse pour le festival Comme nous brûlons, commissaire : La Brigade du Stupre, La Station, Paris 2017

crédits images :
Mathilde, Wendy Keriven, Lindra Trime, Vikken, Soraya Daubron

maquillage :
Flo*rence Benaddi
Dans l’espace se trouve un socle.
Ce socle n’est ni rectangulaire, ni blanc.
Il est noir, suant, pailleté : c’est un cylindre.
Il est oréolé d’une lumière blanche.
On dirait une éclipse qui se diffuse dans le silence.
Une personne traverse le lieu.
Cette personne ne porte ni de snickers blanche,
ni de slip argenté.
Elle ne porte que du noir.
Cette personne s’identifie au go-go dancer.
Elle est le pédée.
Elle monte sur la plateforme.
Elle porte un mp3 coincé dans sa panoplie.
Elle porte un casque.
Le son est très fort ; on entend les basses.
Elle commence à danser.
Les chaussures grincent sur la plateforme.
Elles frappent le bois qui craque.
Les mains claquent les cuisses parfois.
Les coudes fendent l’air.
Les fesses tremblent.
Les cheveux sont trempés.
Les mouvements sont bruts.
Les veines sur le crâne sont gorgées de sang.
Les yeux se ferment parfois.
On voit qu’elle brille.
Elle est rouge.
Elle suffoque.
Elle sourit.
Elle s’épuise sans relâche.
Se battre en dansant.
Et comme tout a commencé, tout s’arrête.
Elle s’en va, comme elle est venue.
Il reste dans l’espace, le socle.
La chaleur de son corps.
Comme de la poudre en suspension,
Elle reviendra peut être.
"Invitation go-go-dancing" pour 100% La Villette, à la folie, sous la direction de Tony Regazzoni, Paris, 2016

crédits images :
Margot Mourrier
& Adrien Flores
"BITCH is an organization which does not yet exist. The name is not an acronym. It stands for exactly what it sounds like.
BITCH is composed of Bitches. There are many definitions of a bitch. The most complimentary definition is a female dog. Those definitions of bitches who are also homo sapiens are rarely as objective. They vary from person to person and depend strongly on how much of a bitch the definer considers herself. However, everyone agrees that a bitch is always a female, dog, or otherwise.
It is also generally agreed that a Bitch is aggressive, and therefore unfeminine (ahem). She may be sexy, in which case she becomes a Bitch Goddess, a special case which will not concern us here. But she is never a true woman."
*Joreen in The Bitch Manifesto
wav
You only hit me up on Mondays
I think I get it, you don't want me
You're looking for a different something
Had me feeling hell of unlucky, but hey
It's just one thing that's got me trippin'
Is you want me in my dreams and it seems so real
I wish you would come over and say

Hush baby, don't rush baby, hush baby, don't rush baby
Hush baby, don't rush baby
You know I love you so much, baby
Hush baby, don't rush baby, hush baby, don't rush baby
Hush baby, don't rush baby
You know I love you so much, baby

Hush that, baby, don't rush that, baby
Don't be hasty, better stop that racing
You better walk down, lean me
I will begin that spanking
I'mma leave you dangling, so you don't fall for me
Let me shut that, baby like oops-a-daisy
I'mma lean you down like we can make that, baby
I'mma drive you crazy, I'mma make you thank me
Gonna pluck your heartstrings, I'mma do that lately

Hush baby, don't rush baby, hush baby, don't rush baby
Hush baby, don't rush baby
You know I love you so much, baby
Hush baby, don't rush baby, hush baby, don't rush baby
Hush baby, don't rush baby
You know I love you so much, baby

Don't dis me, I feel like you don't miss me
I wish you'd hit me up sometime
You're making it clear that you're not mine
I miss the way we layin', sleepin' through the morning
I want it all again, I wanna get it in

Hush baby, don't rush baby, hush baby, don't rush baby
Hush baby, don't rush baby
You know I love you so much, baby
Hush baby, don't rush baby, hush baby, don't rush baby
Hush baby, don't rush baby
You know I love you so much, baby
*LE1F ♪ Hush Bb ♪
take me back
i'm yours
H.<3
I'm a bitch,
Olga 1994
"Mutantes/Vampires autour des oeuvres de V. Despentes et P.B. Preciado", colloque à l'Université Paris 8, par Eugénie Péron-Douté, 2016

Musique : SENTIMENTALE RAVE

crédits images :
Service technique mutualisé de l’UFR arts, philosophie, esthétique
Laurent Wittmer, Minh Sourintha
"Do-list" avec Cuco Cuca
pour COMME NOUS BRÛLONS
Performance au Landy Sauvage,
Octobre 2019

Teach me a new language !
La Do-list, c’est d’abord le titre d’un jeu d’écriture, une correspondance frénétique menée pendant plusieurs semaines par email ou par sms. Performer la Do-List, c’est tenter de mettre en jeu cette circulation obsessionnelle et performative du désir avec les spectateur*es : désir de faire désir de dire désir d’écrire désir de désirer et in fine désir de bousculer la police de la langue et de dépasser les limites du langage. Car dire c’est faire !

crédits images :
Vovotte Recto Verso
et Gabrielle Vigier
"Plus Fort que Moi", Terrain Vague à La Générale, 2018

Mix : SENTIMENTALE RAVE

crédits images :
Vovotte Recto Verso
CY-BITCH, le devenir chienne-cyborg
résidence et performance de danse au Confort Moderne, pour le vernissage de Christophe Lemaître, cur. Sarina Basta, juin 2018

"BITCH a atterri dans un monde fondé sur le sexisme, le racisme, l’homophobie, la putophobie, la grossophobie, la transphobie, le spécisme… Tout corps qui appartient à l’une ou à plusieurs de ces catégories traverse des violences singulières et des oppressions spécifiques.
BITCH est dégradé-e, SCUM, injure, déviante, lie, boue. BITCH est originellement à l’endroit où la domination l’oblige à se tenir et la maintient en haleine.
Mais BITCH ne s’astreint pas à ces places pré/fabriquées comme viles. BITCH se les ait incorporées. BITCH est devenu-e puissance, jouissance, mutante.
BITCH aboie et mord. BITCH renverse et brise. BITCH drague les sien-nes et baise le cistème.
...
Entre autres chose, les chiennes occupent indéniablement l’espace mental. Leurs ombres trainent et planent. Ielles ne sont pas aimables et ielles sont impossibles à ignorer. Ielles bougent leurs corps librement plutôt que de restreindre, d'affiner et de limiter leurs mouvements de manière appropriée. Ielles grimpent dans les espaces, marchent d’un pas assuré et ne s’inquiètent pas de la manière dont leurs cuisses sont écartées quand ielles sont assises. Ielles sont débarrassées des convenances, de la gentillesse, de la discrétion, de l’opinion publique, de la « morale », du « respect » et des trous-du-cul imbaisables. Toujours surchauffées, sales et abjectes, à voiles et à vapeurs les BITCHES déferlent et ielles veulent du nouveau : ielles veulent sortir de la fange, bouger, décoller, sombrer dans les hauteurs."

Mix : Leslie Barbara Butch

crédits images :
LE CONFORT MODERNE